vendredi 28 septembre 2012

DreamCity 2012

Après plus d’un an de boude, me voila qui reprend la plume (le clavier) pour noircir un papier (un écran) de mes réflexions et idées ; ce n’est pas facile de ré-apprendre à respirer quand on a pris l’habitude de suffoquer…

Mais le jeu vaux bien la chandelle : j’écris aujourd’hui pour parler d’une manifestation extraordinaire qui m’avaitinspiré déjà en 2007 lors de sa première édition et mes premiers pas en blogging. Cinq ans et trois éditions plutard, DreamCity n’a rien perdu de sa vigueur des premiers jours, et moi, je cherche encore à retrouver la mienne…

Mais en errant dans les ruelles étroites, en se perdant délicieusement dans ce musée vivant qu'est, et que sera pour toujours, j'espère, la vieille, mystérieuse, souriante, fougueuse, farceuse Médina de Tunis, en savourant un spectacle sonore entre une pièce de théâtre et une exposition d’illustrations, on ne peut fuir le sentiment de vouloir écrire un papier dessus.

Me voila donc qui vous écris mon après midi entre les œuvres du DreamCity 2012.

Je dis bien « écrire », parce que l’on ne peut « décrire » ce que l’on vit. Parce que l’on ne peut décrire le sentiment qui nous envahit et qui nous donne envie de bouger, de danser comme un petit fou sur la musique Stambali urbaine au mausolée Sidi Ali Lasmar, on ne peut que le raconter, comme on ne peut que raconter cette sérénité qui nous prend en s’appropriant un petit carré de ciel sur la terrasse du Souk Chaouachia. On ne peut que narrer la visite guidée, casque audio aux oreilles, des ruelles et impasses de la médina, sur la « route de la soie » tunisoise entre « Fondok El Hennah » et la « place du Château »…

Un voyage sensoriel et émotionnel qui vous emporte jusqu’au bout de vous-même, et puis vous ramène rudement au quotidien avec un son familier, une image qu’on reconnait, ou encore une situation déjà vécu : « Khira et Rochdy » redonne vie à l’ancienne bibliothèque nationale avec de la dance folklorique et de la dance contemporaine, ainsi que toutes les variantes qui se trouvent entre les deux. « Rym Abid », elle, vous ramène aux bancs scolaires, avec tous les souvenirs que ça implique (bons ou mauvais) en imaginant pour vous une meilleure salle de classe. Alors que « Souad Ben Slimane » vous provoque, vous enchante, vous écœure  en vous charmant avec bassesse du haut de sa vitrine : « regarde moi, je suis bonne, et j’ai la solution à tous tes problèmes… mais ne me juge pas, j’ai choisis ma vie parce que j’avais un excédent d’amour, que je partagerais bien avec toi » songe-t-elle.

Réflexif, songeur et même perturbé, vous vous laissez guider dans un labyrinthe de murs maladroits, de tournants dissimulés et de culs-de-sacs blagueurs. De temps à autre une flèche colorée de la même couleur que votre bracelet vous invite à pénétrer une demeure ou un immeuble dont vous n’auriez jamais osé frôlé le seuil, si ce n’était pour DreamCity : Alors que « Nacer Khemir » vous ouvre sa propre demeure, datant de plus d’un siècle et soigneusement restaurée, pour vous raconter le conteur, le performer, le sculpter. « Dar Ezzmerli », Palais Beylical d’un Général, transformé en église pour un temps, et finissant par devenir un centre culturel méconnu, offre ses recoins les plus reculés, entre toit de bois peint à la main et murs couverts de faïences traditionnelles, à l’ombre rebelle de « Marion Frini » pour un moment de pur bonheur et d’apogée de création artistique. Quant à « Refka Tayeb Payssan », elle choisie de s’installer à même le marbre centenaire de « Dar Lassram » pour vous conter la légende d’Ibrahim Santos, avec un dialecte tunisien truffé de dictons traditionnels puisés au fin fond de notre folklore, le décor de portiques cloutés et de toit et d’arcades richement stuqués (platre sculpté) n’y rajoutent que charme et volupté.

Vous sortez, rêveur, épanoui, la tête dans les nuages… et puis le chant de la prière te ramène au monde des mortels : c’est déjà le Moghreb (coucher du soleil). Le temps coule si vite dans ses ruelles… il est temps de rentrer, c’est regrettable. Mais cela n’empêche, vous surprenez un léger sourire au coins de vous lèvres, un sourire qui vous murmure « cela valait vraiment le détour », et vous lui répondez : « d’autres rêves nous attendent demain, ce n’est qu’un au revoir, Médina »

123 commentaires: